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Passer à temps plein sur son side project

Nicolas Lecointre, créateur des Joies du Code

Dans cet épisode de Podcast, on a reçu Nicolas Lecointre, développeur et chef de projet informatique. Il a créé en 2012 son side project, un site web nommé Les joies du code. 9 ans après, il nous raconte comment il en a fait son métier à temps plein.

On a discuté de tout ce qu'il avait fait pour en arriver là, du premier buzz, à la monétisation de son projet, en passant par la gestion de son audience et la création de sa communauté.

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Nicolas Lecointre est, à la base, développeur et chef de projet informatique. Il a travaillé au sein de différents grands groupes, mais depuis 9 ans maintenant il a lancé son side project et a créé Les joies du code.

Les joies du code c'est un site web, de nombreux réseaux sociaux et, à présent, une communauté de développeurs et tech. Tout a commencé en partant de simples memes que Nicolas créait sur le monde des développeurs. Il a apporté une bonne dose d'humour et d'autodérision sur le travail des développeurs et leur quotidien.

En amusant ses amis et ses collègues autour de lui, il a décidé, il y quelques années, de lancer un site Tumblr pour y poster tous ses memes.

Très rapidement, ses memes ont fait le buzz. Nicolas les a repartagés sur ses différent réseaux sociaux et toute une communauté a émergé autour de ce projet.

Dans cet épisode de Podcast, Nicolas nous explique comment il a travaillé sur ce projet à long terme, comment il l'a monétisé rapidement et pourquoi il a fini par en faire son activité principale.

Lancer un side project sur le long terme

Le début de son side project

Nicolas a lancé son site Tumblr le 29 avril 2012. À ce moment là, les memes étaient déjà très tendance et amusaient beaucoup.

L'idée lui est venue lorsqu'il étudiait à la fac. Il devait coder pour une application Androïd (une application de géolocalisation et d'orientation dans la ville d'Amiens) avec son meilleur ami. Il a commencé à se confronter à plusieurs problèmes que les développeurs rencontrent dans leur métier, et a détourné ces situations parfois agaçante en humour et autodérision. Il a donc utilisé des gifs pour illustrer toutes les "galères" qu'il pouvait rencontrer.

Le nom "Les joies du code" lui est venu rapidement et naturellement, car c'est le ton sarcastique et cynique qu'il aime employer dans ses memes.

Il a donc commencé à publier une vingtaine de gifs. Au début, il n'avait qu'une trentaine de visites sur son site Tumblr, notamment par ses amis et ses collègues.

Peu de temps après, il a partagé sur son compte personnel Twitter un de ses memes et, sans le vouloir ou le prévoir, Nicolas a créé un très gros buzz. On a parlé de lui dans plusieurs médias et des personnes influentes sur les réseaux sociaux ont repartagé ses postes.

Développer son projet à une plus grande échelle

Après avoir obtenu un tel engouement autour de son projet, Nicolas s'est rapidement dit qu'il fallait industrialiser tout le "process", en créant des articles de blog, des réseaux sociaux dédiés à sa marque, etc.

À la base, Tumblr était surtout une plateforme de micro blogging, un peu dans le même style que Twitter, et ne suffisait plus pour publier le type de contenu que Nicolas voulait créer.

Il a donc fini par quitter cette plateforme et lancer un site web complet.

À ce moment là, Nicolas a créé un compte Facebook et Twitter pour pouvoir repartager sur les réseaux sociaux tout son contenu, de façon officielle.

Développer et adapter sa stratégie de communication sur les différents réseaux sociaux

La page Linkedin de son projet n'a vu le jour que plus récemment. Il y a tout de même atteint les 80k d'abonnés mais a pris le temps de ce lancer sur ce réseau professionnel plus particulier que les autres.

En effet, même si aujourd'hui Linkedin laisse un peu plus la place à des contenus personnels ou drôles, c'était un peu moins le cas il y a quelques années.

Il n'empêche que Nicolas a réussi le pari de proposer des memes basés sur un humour cynique et sarcastique sur un réseau professionnel et sérieux.

Il explique, tout de même, qu'il adapte son contenu pour s'assurer qu'il sera bien reçu par les membres de ce réseau, et qu'il ne se permet pas autant de liberté que sur les autres plateformes.

Il explique aussi qu'il a su s'adapter aux différentes audiences qu'il retrouve sur les nombreux réseaux sociaux. Il dit que, maintenant, il retrouve une cible plus jeune sur Instagram, une cible quarantenaire sur Facebook, une cible professionnelle sur Linkedin, etc.

Twitter a été le réseau où tout ce buzz a commencé, notamment car il y a une grosse communauté tech sur cette plateforme. Nicolas explique que c'est aussi sur ce réseau social qu'il poste du contenu plus poussé et plus compréhensible pour sa cible de développeurs et tech.

Il a aussi, par la suite, fait le choix de créer son site et ses réseaux sociaux en version anglo-saxonne. Il nous explique qu'à la base, ça n'a pas été réellement une décision de sa part.

Un jour, une personne l'a contacté en lui disant qu'il avait lancé le même concept, en créant un site similaire portant le même nom traduit en anglais. Sur ce site et ces réseaux sociaux en version anglaise, cette personne reprenait tout les memes que Nicolas créait et les repartageait, sans lui donner aucun crédit.

Pour faire cela, cette personne ne lui a, évidemment, pas demandé d'accord mais lui a plutôt imposé la décision.

C'est pour cette raison que Nicolas a décidé de lancer la version officielle de "Les joies du code" en anglais. Il souhaitait, évidemment, que ce projet reste le sien et suive sa ligne éditoriale.

Il a donc créé "The coding love" et l'a publié sur ses réseaux sociaux. Il a orienté son audience française vers son site anglais.

Il nous a expliqué que ce site fonctionne bien, mais il fonctionne encore mieux en France et en Europe en général, car l'humour français est parfois assez particulier. Il se base beaucoup, comme on a pu le dire précédemment, sur le sarcasme, le cynisme et l'autodérision, chose que l'on fait beaucoup en France, mais beaucoup moins aux États-Unis par exemple.

C'est assez connu, la culture influence sur l'humour et la façon de réagir, de prendre les choses. Certains contenus créés en français sont donc parfois moins adaptés à une audience étrangère, qui les fera peut-être moins rire.

Monétiser son projet

Le partenariat

Très rapidement après avoir lancé la première version de son site sur Tumblr en 2012, Nicolas a pu monétiser son projet.

Il a eu son premier partenariat grâce au buzz qu'il a rencontré très rapidement. Le premier type de monétisation a été l'affichage display, c'est-à-dire intégrer une bannière de la marque en partenariat sur son site web.

Puis, au fil du temps, il a eu différents types de contrats et donc de moyens de monétiser son side project.

Il nous a donc partagé ce qu'est le "native advertising". Le native advertising est une pratique dans laquelle la publicité monétisée en partenariat avec une marque, ou une entreprise, va être intégrer dans le média de façon naturelle, en se fondant dans la ligne éditorial.

C'est donc ce que Nicolas a fait. Par exemple, certaines marques le contactaient pour écrire des articles de blog sur leurs produits, ou pour en faire la publicité. Nicolas a donc écrit ses articles en gardant sa ligne éditoriale, en respectant le côté "fun" et drôle de son site.

Concernant les partenariats, il a aussi mentionné un point important à ses yeux, qui est de respecter son audience et ses intérêts. Il a donc mis un point d'honneur à n'accepter que des partenariats avec des marques proposant des choses intéressantes pour les développeurs et sa communauté tech en général.

Devenir un jobboard

En recevant de plus en plus d'offre de partenariat, Nicolas a fait des choix et a toujours pensé à l'intérêt de sa communauté en premier.

C'est pour cela qu'il a notamment choisi d'être partenaire de deux entreprises : Talent.io et Logitech. En devenant ambassadeur de ces deux marques, Nicolas a ajouté une vraie valeur pour sa communauté. Il nous explique que dans le monde de travail des développeurs et tech, il est assez important de changer de job au bout de quelques années car c'est ce qui permet de varier les projets sur lesquels ils travaillent, et de revoir leur salaire à la hausse.

En s'alliant à Talent.io depuis 3 ans, Nicolas a dédié une partie de son site web à la recherche d'emploi pour les développeurs et tech. Il y a donc la possibilité de trouver ses futurs employeurs et son futur job sur Les joies du code.

Puis, il a choisi de devenir ambassadeur de la marque Logitech, car leurs produits apportent réellement quelque chose à son audience et sa communauté. Ce sont des produits que les développeurs et tech peuvent utiliser au quotidien, et c'est important pour Nicolas de leur donner accès à ce type de produits.

Quitter son job pour se lancer à plein temps dans son projet

Nicolas a décidé au printemps 2021 de se lancer à plein temps sur son projet.

Le déclic a été pour lui, comme pour beaucoup, toute la période de confinement en 2020 dû à la pandémie Covid-19.

Lors du premier confinement (et des autres qui ont suivi), Nicolas était chef de projet informatique, mais son poste s'est aussi transformé en responsable d'équipe lorsque tout le monde a dû se mettre au télétravail.

En plus de ces nouvelles responsabilités, il nous explique que dans ce moment inédit, il a eu des difficultés à faire la part des choses entre vie privé et vie professionnelle.

En effet, en télétravail à la maison, ce n'est pas le même rythme qu'au bureau. Il passait énormément de temps sur ses tâches, prenait de moins en moins de pauses et continuait de travailler de plus en plus tard.

Tout cela ajoutait beaucoup d'heures de travail, sans compter que le soir ou les week-ends, en parallèle de son activité, il devait s'occuper de la création de contenu pour son site, ses réseaux sociaux et ses partenariats.

À ce moment là, Nicolas a été dans une quête de sens sur son activité professionnelle. Il avait fait le tour de son travail et de ses objectifs au sein des entreprises dans lesquelles il avait travaillé.

Il s'est alors penché sur une méthode nommé l'Ikigai : une philosphie japonaise qui revient à donner un sens à sa vie, à se connecter à l'essentiel et à trouver ce qui donnera l'énergie de se lever le matin. Cela lui a permis de prendre un vrai recul sur sa situation professionnelle mêlée à sa vie personnelle.

Toutes ces raisons l'ont poussé à prendre la décision de quitter son emploi de salarié et de se lancer à plein temps dans ce qui était, à la base, son side project.

Utiliser ses nouvelles compétences

En 9 ans de travail sur son side project, en parallèle de son job, Nicolas nous montre toutes les nouvelles connaissances et compétences qu'il a acquis.

C'est un travail long et parfois fastidieux, avec plein d'erreurs en chemin mais qu'il a su maîtriser et dont il est devenu expert.

Grâce à son side project, il a appris à s'occuper de tout, de A à Z. Évidemment, pour la partie informatique et création de site web, il avait déjà toutes ces connaissances grâce à ses études et expériences professionnelles.

En revanche, pour toute la partie stratégie marketing et communication sur les réseaux sociaux, il a dû travailler et développer ses compétences.

En étant seul sur le projet, il a appris a gérer les réseaux sociaux et ses contenus. Il a aussi maîtriser des compétences en marketing en travaillant en partenariat avec des marques.

Devenir expert

En développant son site web, ses réseaux sociaux et ses partenariats tout au long de ces années, Nicolas a fait de ses nouvelles compétences un vrai domaine d'expertise à part entière.

Il nous explique que c'est un des grand avantage des side project. En travaillant seul, il a dû se documenter, apprendre, tester, échouer et recommencer.

C'est tout ce chemin qui a permis à Nicolas de se positionner en tant qu'expert et de pouvoir apporter son expérience et son aide à autrui.

En travaillant sur son projet, il a non seulement accumulé des nouvelles connaissances et compétences, mais il les a aussi mis en pratique. Et c'est un point très important lorsque l'on veut montrer son expertise.

Grâce au site Les joies du code, aux réseaux sociaux et à toute la communauté qu'il a rassemblé, Nicolas est maintenant expert dans son domaine pour parler, accompagner et proposer des produits intéressants à sa cible (développeurs et tech).

La suite de son projet

Grâce à toutes ces nouvelles compétences mises à profit, Nicolas a réussi à générer de très bons revenus et, certains mois, il a même gagné plus d'argent avec ce side project que par son travail de salarié à plein temps.

C'est aussi ce qui l'a motivé à se lancer à plein temps dans son projet et à en faire son activité principale.

Pour le futur, Nicolas met en place une activité de conseil en communication auprès d'entreprise pour approcher des profils tech. En clair, en partageant son expertise, il aide les entreprises à améliorer leur image de marque et à communiquer auprès des tech pour les recruter.

Il a aussi, depuis peu de temps, créer un Discord pour toute sa communauté de développeurs et techs. C'est une plateforme communautaire dans laquelle tout le monde s'entraide et apporte de la bienveillance.

Les conseils de Nicolas

Avant la fin de cet épisode de Podcast, Nicolas nous a donné de très bons conseils lorsque l'on se lance dans un side project.

Il conseille de souvent prendre du recul dans son projet, de prendre un instant pour voir son avancé, de se laisser du temps pour faire des pauses et ne pas forcer sa créativité.

Même si cela peut paraître frustrant, il est important de savoir mettre sur pause son side project pendant plusieurs jours voire semaines. Notamment si son activité principale est intense et demande beaucoup de travail et d'effort. Il vaut mieux prendre le temps de faire ces tâches et de se reposer, plutôt que de se laisser submerger par tout le travail à fournir.

Depuis de nombreuses années, nous sommes dans une société qui prône la rapidité, l'efficacité et l'action. Mais il est parfois important de remettre les choses dans leur contexte, de prendre du recul et de poser des limites pour ne pas s'épuiser.

Nicolas parle du cercle vicieux que cela a pu être pour lui. Travailler pour son job à plein temps, être très fatigué, rentrer tard et devoir se mettre à travailler sur son side project en étant épuisé, s'en trop de motivation ni d'inspiration.

Il explique que son meilleur conseil est de prendre le temps de casser ce cercle vicieux, de finir les tâches dans son job et de se reposer, afin de revenir plus fort pour travailler sur son side project.

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